ALIMENTATION ET ÉQUILIBRE ACIDES-BASES
Lorsqu'on parle d'équilibre alimentaire, on s'intéresse souvent à l'apport énergétique de la ration, aux proportions des différents nutriments, à la couverture des besoins en vitamines et minéraux, mais l'équilibre alimentaire implique également de préserver l'équilibre acido-basique de l'organisme.
La légère alcalinité de notre organisme est la plus favorable au bon déroulement d'un très grand nombre de processus physiologiques. Pourtant, cette quasi-neutralité n'est pas immuable : l'activité physique, certaines maladies et les habitudes alimentaires ont des conséquences sur l'équilibre acides-bases du sang, de l'urine ou encore des tissus.
Aucun aliment considéré de manière isolée ne peut suffir à modifier le caractère plus ou moins basique ou acide de notre organisme. C'est l'ensemble de la ration, des habitudes alimentaires, qui ont une influence.
Une ration hypercarnée est ainsi acidifiante, tandis qu'une ration riche en fruits et légumes et en laitages s'avère alcalinisante et, de ce fait, propice à la récupération du sportif (de même que la prise - raisonnable ! - de boissons bicarbonatées). La ration hyperglucidique préconisée dans les trois jours qui précèdent une compétition permet également, non seulement de disposer de réserves de glycogène maximales mais aussi de bénéficier d'un pouvoir tampon optimal, permettant de prolonger la durée de l'effort maximal.
Chez le sportif, la capacité maximale est davantage limitée par la baisse du pH et l'accumulation de lactate dans le muscle que par l'épuisement des réserves de glycogène (qui sont cependant utiles à augmenter chez le sportif de haut niveau). L'ingestion de boissons bicarbonatées 1 à 2 heures avant l'exercice s'accompagne d'une augmentation du pouvoir tampon musculaire et de la quantité de travail produite, reportant le délai d'apparition de la fatigue. Cette pratique est très discutable sur le plan éthique (car elle ne répond pas à un besoin physiologique) et peut être mortelle par alcalose métabolique sévère avec arrêt respiratoire.
Le caractère acide ou alcalin des urines présente un autre intérêt : éviter la récidive de lithiases, selon la nature de celles-ci.
Il ne faut pas confondre la saveur acide d'un aliment avec son caractère éventuellement acidifiant ou alcalinisant dans l'organisme. En effet, si le citron a par exemple une saveur acide, il est toutefois basogène, c'est-à-dire qu'il a un pouvoir alcalinisant sur les urines.
Ce n'est donc pas le pH de l'aliment lui-même qui entre en jeu, mais les minéraux qu'il contient et les transformations qu'il subit au cours du catabolisme.
Les cations K, Na, Ca, Mg forment des sels qui, décomposés, libèrent CO2 lors de la respiration et correspondent à des bases éliminées par les reins. Les anions Cl, P, S correspondent à des acides minéraux, et il y a prédominance des valences acides ou basiques pour chaque aliment. Au cours du catabolisme, les substances organiques et minérales passent par différents stades : les sels neutres peuvent devenir acidogènes ou basogènes et, d'autre part, au niveau de l'intestin, les constituants des sels sont absorbés plus ou moins rapidement.
ALIMENTS ACIDIFIANTS
Viandes - Oeufs - Céréales
Acidifiants Forts
Céréales
Fromages
Poissons
Viandes
Volailles
Acidifiants Faibles
Beurre
Chocolat
Oeufs
Pain
Saindoux
ALIMENTS ALCALINISANTS
Lait - Légumes - Fruits
Alcalinisants Forts
Abricots
Carottes
Epinards
Lait, Yaourts
Oranges
Raisins secs
Salade
Sucre et produits sucrés
Tomates
Acidifiants Faibles
Beurre
Chocolat
Oeufs
Pain
Saindoux
Alcalinisants Faibles
Asperges
Banane
Choux
Haricots
Poires
Pommes
Pommes de terre
Si le régime alcalinisant, ayant pour but d'augmenter le pH urinaire, consiste à privilégier les aliments répertoriés comme alcalinisants dans le tableau ci-dessus, on notera qu'une voie d'alcalinisation plus directe consiste à absorber une eau minérale riche en bicarbonate, telle que l'eau de Vichy, ou une eau de boisson additionnée de 2 à 6 g de bicarbonate de soude.
A l'inverse, si le régime acidifiant consiste à consommer essentiellement des aliments d'origine animale et des céréales, une voie plus directe d'acidification est de prendre du chlorure d'ammonium (Chlorammonic) à raison d'1 à 3 g par jour.
Paradoxalement, les conseils visant à acidifer les urines lorsqu'un sujet a eu un épisode de lithiase calcique n'offrent pas forcément l'intérêt qu'on pourrait en attendre car le régime acidifiant est à l'origine d'une fuite du calcium dans les urines alors qu'au contraire, le régime alcalinisant permet une meilleure réabsorption du calcium. C'est donc avec prudence et l'avis favorable du médecin que ce genre de régime doit être entrepris, faute de quoi on risque fort d'obtenir l'effet inverse à celui escompté...
Il importe donc surtout de rappeler que l'augmentation de la diurèse reste la première et la meilleure mesure préventive dans toutes les formes de lithiases rénales (boire abondamment pour bien diluer les urines et nettoyer l'arbre urinaire) et que les changements apportés aux habitudes alimentaires devraient toujours viser un meilleur équilibre global plutôt que de tomber d'un excès dans l'autre.